Les témoins

7 témoins – 7 histoires

Isabelle Choko née Sztrauch Galewska

Isabelle ChokoIzabela est née le 18 Septembre 1928 à Lodz en Pologne.
Isabelle est la fille unique d’une famille de tradition juive. Ses parents sont pharmaciens. C’est une enfant gâtée, choyée. Elle fréquente une école pilote, mixte, première école laïque de Pologne. L’accent est mis sur le civisme et l’ouverture au monde. Elle apprend le français car ses parents souhaitent qu’elle termine ses études à Paris. Isabelle désire se diriger vers la recherche scientifique, mais en fin 1939 sa vie bascule. Les nazis occupent la Pologne, les juifs sont immédiatement poursuivis, spoliés et la solution finale se met en marche.
Au début de l’année 1940, elle est enfermée au ghetto de Lodz avec ses parents, ainsi que toute sa famille. Son père meurt en février 1942 de privations et de maladie. Elle reste seule avec sa mère. Malgré tout, entre temps, elle parvient à étudier et à se cultiver au sein d’une école créée dans le ghetto.
Mais en 1941 les Allemands ferment les écoles et envoient tous les enfants âgés de plus de douze ans au travail. Qui ne travaille pas, ne mange pas.
Lors de la liquidation du ghetto, en août 1944, Isabelle est déportée avec sa mère à Auschwitz-Birkenau.
Elles sont sélectionnées pour le travail, entrent dans le camp et après une dizaine de jours sont envoyées dans un kommando à Celle, près de Hanovre, en Allemagne, où elle font des travaux de terrassement et posent des rails de chemins de fer.
En février 1945 elles sont transférées au camp de Bergen-Belsen, le camp de la mort, où règne une épidémie de typhus. Il n’y a plus de nourriture, plus d’eau potable. Sa mère décède en mars 1945, de faim et de maladie.
Isabelle Choko est libérée le 14 avril 1945 par l’armée britannique, guérie du typhus mais à la limite de ses forces. Mourante, elle est soignée à l’hôpital improvisé à Bergen-Belsen où Sœur Suzanne Spender de la Mission Vaticane, Petites Sœurs de la Charité de la rue du Bac à Paris, l’aide à survivre.
Grâce aux conseils de Sœur Suzanne, Isabelle part en Suède où elle retrouve la santé après un séjour de plusieurs mois d’hôpital et de convalescence. Ensuite elle part vivre en France où elle retrouve des membres de sa famille.
Ensuite elle part vivre en France où elle retrouve des membres de sa famille.

Ginette Kolinka née Cherkasky

Ginette KolinkaNée le 4 février 1925 à Paris dans une famille non pratiquante d’origine juive. Son grand-père paternel venait de Russie. Son père est né à Paris. Sa mère est d’origine roumaine.
Elle a vécu sa petite enfance dans le 4ème arrondissement puis à Aubervilliers. Elle est la sixième d’une famille de sept enfants et a eu une enfance très protégée. Son père, Léon, avait un atelier de confection. En 1941, les arrestations concernent d’abord les hommes : dans sa famille ce furent le beau-frère et le frère de son père.
En juillet 1942, on les prévient qu’ils vont être tous arrêtés comme communistes. Ils fuient en zone non occupée.
Ginette et deux de ses sœurs font une première tentative par Angoulème, sont emprisonnées pendant huit jours en attendant la vérification de leurs identités. Libérées, elles retournent à Paris et retrouvent un passeur à Chalons-sur-Saône. Toute la famille s’installe en Avignon. Ils travaillent tous sur les marchés ; Ginette travaille d’abord comme secrétaire.
Le 13 mars 1944, la Gestapo et la Milice viennent arrêter les hommes de la famille, son père, son frère de 12 ans et son neveu de 14 ans sur dénonciation. Devant les remarques de Ginette, ils l’embarquent aussi. Ils passent par la prison d’Avignon, puis celle des Baumettes à Marseille. Ils sont internés au camp de Drancy.
Le 13 avril 1944, ils sont déportés par le convoi 71 en wagons à bestiaux depuis la gare de Bobigny jusqu’à Auschwitz Birkenau. Son père et son frère rejoignent les camions et sont gazés à l’arrivée. Ginette entre dans le camp des femmes, est tatouée, matricule 78 599, son neveu entre dans celui des hommes.
Fin octobre 1944, elle est transférée jusqu’à Bergen-Belsen qui est en pleine anarchie et où la loi du plus fort règne. Elle est sous une tente.
En février 1945, elle se porte volontaire et est envoyée à Raguhn, près de Leipzig. Les conditions matérielles sont un peu moins désastreuses qu’à Bergen-Belsen et elle travaille en usine.
En avril 1945, devant l’approche des armées alliées, elle est transférée pendant 8 jours, par un « train de la mort » jusqu’au camp de Thersienstadt. Ginette est atteinte du typhus.
Libérée, début mai 1945, elle est rapatriée par les Américains en avion sanitaire à Lyon. Elle pèse tout au plus 28 kg.

Lili Leignel née Rozenberg

Lili LeignelNée le 15 septembre 1932 à Croix (Nord).
Arrêtée avec sa famille le 27 octobre 1943 par la Feldgendarmerie dans le nord de la France.
Enfermée dans les prisons de Loos et de Saint Gilles en Belgique, puis transférée dans le camp de Malines.
La mère et les trois enfants sont déportés à Ravensbrück le 15 décembre 1943, le père à Buchenwald.
Début février 1945, transfert en wagons à bestiaux, puis marche douloureuse vers le camp de Bergen-Belsen.
Sa maman contracte le typhus avant la libération du camp par l’armée britannique. Les trois enfants sont rapatriés seuls en France à l’hôtel Lutétia, puis placés par la Croix-Rouge dans un préventorium à Hendaye.
La maman rentre 2 mois plus tard.
Le père est assassiné à Buchenwald quelques jours avant la libération du camp.

Marceline Loridan Ivens

Marceline Loridan IvensMarceline Rozenberg est née en mars 1928 à Epinal, de parents juifs polonais, émigrés en 1919, qui ont eu cinq enfants.
Engagée très tôt dans la Résistance, sa famille fuit en zone sud, puis achète une maison à Bollène (Vaucluse). Le maire et le commissaire de police protègent les Rosenberg jusqu’à ce que la Gestapo passe outre pour arrêter Marceline et son père. Emprisonnés à Avignon puis Marseille, tous deux sont transférés à Drancy et déportés à Auschwitz-Birkenau en mars 1944. Sans le savoir, une amie de Marceline l’entraîne sur la voie de la survie, tandis que les nazis condamnent son père.
Marceline doit creuser les fosses communes pour les Hongrois assassinés. Pour passer les sélections devant Mengele, le médecin du camp, Marceline se pince les joues « pour paraître moins blanche » et dissimule ses blessures. Elle est confrontée à la « folie de la faim et de la soif », au paludisme, à la révolte du Sonderkommando.
Elle est transférée au camp de Bergen-Belsen en novembre 1944, et en février 1945 est envoyée à Raguhn, près de Leipzig dans une usine d’aviation, puis à Terezin (Tchécoslovaquie), où elle sera libérée par les Russes.
Elle revient à Paris en août 1945, couverte de poux et de gale. Sa mère et ses plus jeunes frères et sœurs étaient restés cachés dans le Vaucluse.

Sarah Montard née Lichtsztejn

Sarah MontardNée le 16 mars 1928 à Dantzig, Pologne.
Elle arrive en France avec sa famille en 1930.
Le père de Sarah est arrêté en 1941 et interné au camp de Pithiviers. Il parvient à s’échapper et entre dans la clandestinité.
Le 16 juillet 1942 : premier jour de la rafle dite du Vél’ d’Hiv’ : Sarah et sa mère sont arrêtées à leur domicile mais parviennent, l’une après l’autre, à s’échapper.
En mai 1944 : Sarah et sa mère sont arrêtées chez elles sur une dénonciation anonyme.
Le 30 mai, elles sont déportées par le convoi n° 75 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
De fin octobre 1944 au 18 janvier 1945, Sarah, séparée de sa mère restée à Birkenau, est transférée à Auschwitz I.
Le 18 janvier 1945 : départ du camp d’Auschwitz pour la « marche de la mort ».
Après cinq jours et cinq nuits, elle arrive au camp de Bergen-Belsen. Elle retrouve sa mère dans le convoi. Elle est libérée le 15 avril par l’armée britannique.
Sarah est de retour à Paris le 24 mai. Le père de Sarah a survécu.

Isidore Rosenbaum

Isidore RosenbaumNé le 16 mars 1923 à Paris.
Les parents d’Isidore avaient émigré de Pologne en France en 1920.
Le père fut arrêté en août 1941 par la police française, interné au camp de Drancy et libéré 6 mois plus tard pour raison de santé. Arrêté de nouveau et déporté en juin 1942 à Auschwitz.
Isidore fut arrêté par les Allemands alors qu’il passait la ligne de démarcation clandestinement à Digoin près de Châlons-sur-Saône.
Il fut enfermé à la prison d’Autun puis interné au camp de Pithiviers où il séjourna un mois, puis au camp de Beaune-la-Rolande et Drancy pour être déporté à Auschwitz le 23 septembre 1942.
Il resta 10 mois au camp d’Auschwitz puis fut envoyé à Schwientochlowitz. Atteint du typhus il fut ramené à Auschwitz Birkenau où il resta jusqu’à la fin de l’année 1944.
Avant l’arrivée des troupes soviétiques, il fut évacué via Berlin au camp de Sachsenhausen et ensuite au camp de Bergen-Belsen au début du mois de janvier 1945.
Isidore fut contraint à ramasser les morts et les porter jusqu’aux fosses.
Il fut libéré par l’armée britannique en avril 1945.

Marie Vaislic

Marie VaislicMarie Rafalovitch est née à Toulouse en 1930 de parents juifs polonais venus en France en 1926.
Elle a vécu l’enfance agréable d’une petite française. A cette époque elle ne savait pas ce que le mot Juif signifiait.
Elle fut arrêtée le 24 juillet 1944 à Toulouse et déportée le 30 juillet 1944 en wagon à bestiaux seule sans les siens, au milieu de familles juives, pour elle étrangères. Après 5 jours le train s’arrête à Weimar. Les hommes en rang par 5 encadrés par les SS et leurs chiens partent à Buchenwald. Le train repart et roule pendant 2 jours avant d’arriver à Ravenbrück. Elle reste dans ce camp de « travail » d’août 1944 à début janvier 1945. Les déportées partent d’abord à pieds, puis en wagons à bestiaux à destination du camp de Bergen-Belsen.
Le voyage est très éprouvant bien qu’habituées aux mauvais traitements. Bergen-Belsen est le camp de la mort. C’est le camp où chaque jour est un jour gagné. Chaque matin elle se demande si elle sera encore vivante le soir, car ce camp est le camp de la mort lente, de l’extermination insidieuse. La vermine est partout. Les maladies sont là, autours d’elle la mort guette. Elle ne se décourage pas, même dans les plus mauvais moments, seule, sans soutien moral. Elle a eu beaucoup de chance, et elle est là, vivante.